« C'était une jeune femme de vingt-trois à vingt-quatre ans, au teint brun, mais de ce brun mat plus riche et plus beau que le ton le plus rose et le plus incarnat. Ses beaux yeux bleus levés au ciel, qu'elle semblait interroger, brillaient comme deux étoiles, et ses cheveux noirs, qu'elle gardait sans poudre malgré la mode du temps, retombaient en boucles de jais sur son cou nuancé comme l'opale.
Tout à coup elle parut avoir pris sa résolution :
— Monsieur, dit-elle, où sommes-nous ici ?
— Sur la route de Strasbourg à Paris, madame.
— Et sur quel point de la route ?
— A deux lieues de Pierrefitte.
— Qu'est-ce que cela, Pierrefitte ?
— C'est un bourg.
— Et après Pierrefitte, que rencontre-t-on ?
— Bar-le-Duc.
— C'est une ville ?
— Oui, madame.
— Populeuse ?
— Quatre ou cinq mille âmes, je crois.
— Y a-t-il d'ici quelque route de traverse qui aille plus directement que la grand-route à Bar-le-Duc ?
— Non, madame, ou du moins je n'en connais pas.
— Peccato! murmura-t-elle tout bas et en se rejetant dans le cabriolet. »
Cet extrait, comme un autre, a été pris au hasard, dans un livre quelconque, d'un écrivain lambda1. Mais il n'est pas possible de le réutiliser tel quel, car un petit malin pourrait bien s'aviser d'aller vous chercher noise pour détournement de propriété intellectuelle à votre profit.
Vous allez donc recopier, certes, mais en changeant les points clés. Tout d'abord, les noms propres - que ce soient les villes, les patronymes ou les pays - doivent faire l'objet d'un remplacement systématique par d'autres noms propres. Ensuite, vous pouvez inverser deux phrases quand le sens reste à peu près le même. N'hésitez pas à ajouter un commentaire quelconque au sein d'un dialogue, ou à polluer le propos par des blagues maladroites.
Mais, bien évidemment, utilisez à fond votre dictionnaire des synonymes. Lui seul est votre ami. N'hésitez pas cependant à vous tourner vers le dictionnaire des antonymes, votre recopiage n'en sera que plus maquillé.
Mais, sans plus attendre, Gustave Borjay fournit ici-même un exemple patent pour satisfaire la soif d'apprendre de son humble lectorat.
« C'était un homme mur de cinquante-trois à quatre-vingt-quatre ans, au teint pâle, mais de ce pâle doré plus opulent et plus joli que le ton le plus blanc et le plus fade. Même si évidemment, la beauté d'un teint pâle, ça se discute - qu'est-ce que la pâleur d'ailleurs ? Ses petits yeux bleus baissés à terre, qu'il semblait interroger, erraient comme deux clochards, et ses cheveux blonds, qu'il gardait plein de poudre malgré la mode du temps, retombaient en filaments d'or sur son cou lourd et empâté comme la tourbe la plus ignoble.
Tout à coup il parut avoir pris sa résolution :
— Mademoiselle, dit-il, où ne sommes-nous pas ici ?
— Sur la route de Dunkerque à Barcelone, monsieur.
— Et sur quel point de la route ?
— A deux lieues de Rumbreconde.
— Qu'est-ce que cela, Rumbreconde ?
— C'est un bourg, un endroit isolé, qu'on dit hanté par le diable et ses milles serviteurs. Mais je n'en crois pas un mot.
— Et après Rumbreconde, que rencontre-t-on ?
— Biture-sur-Oise.
— C'est une ville ?
— Non, monsieur. C'est une erreur de la nature, un accident de terrain. Je ne sais même pas pourquoi je l'ai mentionné. D'ailleurs le nom n'est pas exact.
— Un peu menteuse à ce que je vois ?
— Vous ne m'avez pas demandé de dire la vérité, monseigneur.
— C'est juste. Y a-t-il d'ici quelque route de traverse qui aille plus directement que la grand-route à Biture-sur-Oise ?
— Non, monsieur, ou du moins je n'en connais pas. Quelle question étrange.
— Peccato! hurla-t-il à la lune en se rejetant immédiatement dans l'ombre. »
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Tout fan de moto et de tunning qui se respecte connaît le festival underground de Rumbreconde. |
1. Extrait de Joseph Balsamo, d'Alexandre Dumas, Chapitre III
Intéressant exercice de style ! Puis-je me permettre de préférer la seconde histoire à la première ? Je la trouve en effet plus naturelle et moins datée. Salutations,
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