« Le Chant du bidonville
Trainant son dur fardeau, le malheureux badaud
Cherche son vieux taudis en rentrant du boulot.
Le lieu n'est plus le même et, pleines de dépit,
Quelques âmes en peine se lamentent sans bruit.
Le pauvre homme, interdit, apprend qu'est entamé
Un important chantier par-dessus le quartier.
Le pauvre délogé peut donc se rhabiller
Et pour compensation il n'a qu'à se brosser.
Plus tôt dans la journée le miséreux, déjà,
S'était fait remercier pour raison de quota.
C'était chose courante en l'auguste cité,
Hospitalier refuge des petits ouvriers.
Plus loin, vers la décharge, une détonation
Met fin au lourd calvaire de l'homme en perdition
Qu'importe puisqu'après, les frais de son cercueil
Sont dûment facturés à sa famille en deuil. »
Gustave Borjay vous salue.
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Gorgonzola est triste. Il ne reverra plus son maître. |
Excellente chute (c'est le cas de le dire) pour un poème à l'expression efficace et sans concession. L'opposition hugolienne entre les miasmes de la misère et la grandeur de la destinée humaine trouve dans ces vers redoutablement ciselés une puissance inédite - il faut bien le dire - magnifiée par une note d'espoir qui tient à ce que, même dans les moments les plus pathétiques de la vie, les règles comptables du quitus et du debet proposent leur réconfortante logique à un monde en apparence absurde. Alors, la question à poser est la suivante : le désespoir ( le vrai) est-il possible en dehors de la poésie ?
RépondreSupprimerLes journalistes, chiens de garde de la démocratie ?
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