Bref, vous n’avez pas commencé votre livre mais avez sérieusement l’intention de vous y mettre. Mettons, dit Gustave Borjay, mettons que, contrairement à la majorité des gens assez complexés pour se sentir l’envie d’écrire un roman, vous alliez jusqu’au bout. Vous rendez-vous compte que votre lecteur, lorsqu’il s’emparera avec circonspection de votre ouvrage, ne parviendra pas à en parcourir plus d’un chapitre sans vous faire goûter son plus beau ronflement de stentor ?
Car vous allez l’ennuyer. Profondément. D’autant plus que vous êtes persuadé du contraire. Vous allez l’ennuyer parce que vous n’avez pas grand-chose à dire, certes, mais en plus parce que vous ne savez pas comment le dire. Gustave Borjay, par pitié pour vos proches qui serviront de lecteurs – de cobayes –, est prêt à vous dispenser quelques inestimables bribes de sa sagesse afin d’éviter que le carnage ne soit total.
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Ensuite, ajoutez du dialogue à foison, de la vie, de l’ironie, de l’interruption, du sarcasme, des propos anodins, d’autres significatifs. Équilibrez avec les phases descriptives ou introspectives. Le pauvre lecteur est toujours ravi, quand son intérêt oscille entre le degré 0 et le négatif, de tomber sur des guillemets salvateurs. Il s’y raccroche désespérément, et survivra "pourvu que" vous réussissiez à faire sonner juste vos personnages. Alternez aussi entre le prosaïque et le poétique. Faites respirer les mots et votre intrigue. Et votre pauvre lecteur.
N’oubliez pas d’inclure des retournements de situation, des surprises, des sources d’étonnement, du « Luke, je suis ton père » au fameux « attention derrière-toi ! », en vous défiant du séduisant « ouf, tout ça n’était donc qu’un rêve ! » Tâchez seulement d’éviter le pur cliché.
Enfin, choyez le sentiment, développez-le avec amour, cela touchera toujours le lecteur. Émotion, élévation, tension, drame sont des puissants moteurs pour immerger le lecteur dans votre œuvre. Le commun des mortels a besoin d’assister à des histoires plus belles que la sienne, plus fortes, plus intenses. Car il a beau être bourré de défauts qu’il s’acharnera toujours à faire fructifier avec un soin jaloux, il a aussi un cœur qui bat, boum boum, boum boum, boum boum…
Gustave Borjay vous salue.
Il a une drôle de tête le préfet de Bobigny.
RépondreSupprimeret aussi boum boum sous l'eau, boum boum sans les bras...
RépondreSupprimerC'est formidable : tu devrais écrire. Si l'on remplace Bobigny par Créteil, conserve-t-on la même force narrative ?
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