samedi 9 février 2013

Le Chef-d’œuvre (ou ce qui fait que votre roman n’en est pas un)

Afin de vous montrer que définitivement que vous n'avez pas le talent pour devenir écrivain, dans le sens le plus fort du terme, Gustave Borjay va dévoiler à vos yeux bornés un aperçu des rouages de ce qu'on appelle couramment le chef-d’œuvre. Vous qui avez déjà du mal à former une phrase, un paragraphe, une idée, un enchaînement de faits, vous comprendrez alors la distance gigantesque – à votre échelle, l’infini – qui vous sépare de la réussite absolue.

L’Auteur, loin de s’abandonner au leurre intellectuel que représente la notion d’exhaustivité, va au contraire présenter certaines recettes, fondamentales cependant, du chef-d’œuvre.

Frapper et dévoiler
 
Le chef-d’œuvre peut tirer sa force de sa puissance évocatrice. Vous ouvrez des rideaux dissimulés dans l’ombre des pensées de votre lecteur, vous lui faites découvrir un nouvel ordre d’idées, de situations, d’atmosphère. Kafka dans son Procès dresse un portrait saisissant d’un régime bureaucratique anonyme qui broie les individus. 1984 vous entraîne dans les méandres d’un régime lobotomisant auquel on ne peut échapper.

La force de la vision du chef-d’œuvre s’impose, souveraine, au lecteur sidéré. Il est littéralement soufflé par la vision du créateur. A opposer à la banalité dont font preuve vos petits paradoxes d’universitaires.

Émouvoir

Le chef-d’œuvre peut également s’imposer grâce à la force de ses émotions. Il pourra faire pleurer le lecteur, le faire frémir, le faire s’attacher indéfectiblement à ses héros. David Copperfield, de Dickens, en est la preuve. Le fait que vos écrits laissent froids votre public en est une autre.

Style et construction
 
Enfin, l’aspect formel de l’œuvre peut contribuer, très fortement parfois, à en faire un chef-d’œuvre. Le style, les procédés d’écriture, mais également la construction pourront susciter chez le lecteur un véritable plaisir de gastronome (Télérama n’eût pas mieux dit). C’est sans doute pour cela que vos lecteurs se sont spécialisés dans la lecture en diagonal.

Bref, le vrai chef-d’œuvre, c’est un mélange de ces trois composantes, mélange unique, dont la recette à jamais figée est tout l’art de son auteur. Et non du vôtre.

Gustave Borjay vous salue.
 
Une image vaut parfois mieux qu'un long discours.

3 commentaires:

  1. C'est fou comme tout à coup je me sens hyper valorisée !

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  2. Finalement c'est simple comme bonjour. Merci !

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  3. David Copperfield avait épousé un chef d'oeuvre de blonde en son temps. C'était magique. Puis il en revint, divorça, et déconstruisit son existence.

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